Cristal de poème

 

Elle est mon cristal de poème

écrit en vers de Murano

Elle est ma piqûre de morphème

quand viennent à me manquer les mots

Elle est ma guerrière de corail

sans cesse tourmentée par les flots

Elle a brodé une cote de maille

pour se mettre à l’abri / des maux

​​

Elle est la parure de nacre,

le liseré de mes envies

la reine dont j’attends le sacre

pour qu’elle puisse régner sur ma vie

Elle met des reflets de saphir

sur la pénombre de mes nuits

et ses caresses de zéphyr

m’emportent au-delà / de son huis

 

Elle rend mes aurores boréales

pour qu’elles durent jusqu’au crépuscule

et de brumaire à floréal

elle fait de moi son funambule

Elle change mes heures en roman fleuve

et mon sommeil de plomb en or

Elle marche en espérant qu’il pleuve

pour mieux se fondre dans le décor

​

Elle sait tirer à l’arc-en-ciel

des flèches qu’elle vole à Cupidon

ses blessures ne sont pas mortelles

mais elles m’instillent leur poison

Elle est un peu ma Croix du Sud

celle qui m’entraîne vers son hiver

et peu importe l’altitude

pour pouvoir entrer / dans son univers

​

Elle est aussi mon ombre d’or

quand elle absorbe la lumière

et si le soleil brûle encore

il se sent devenir poussière

Elle aime se perdre sous les gouttes

des averses du mois d’avril

Elle voudrait diluer ses doutes

dans l’eau qui coule / sous ses cils

​

Plus que la soie ou le satin

plus précieuse que tous ses tissus

il ne se passe pas un matin

sans qu’elle m’obsède à son insu

Elle est le sentier sous les feuilles

que je n’avais pas osé prendre

et à travers tous les écueils

j’espère qu’elle voudra bien / m’attendre

 

                             Parole et musique : André Lachenal